L’histoire ce répète mais en Fédéralisme au lieux de ingérence ; Un cas d’étude : le pays d’Alexis Tsipras.
Un peu d’histoire ? Quand la France, l’Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Russie et Autriche mirent la Grèce sous tutelle pendant pratiquement un siècle en ... 1898
On pouvait lire à l’époque :
Depuis quelque temps, le premier ministre grec dort mal. Un sujet monopolise ses pensées : la
dette de son pays, qu’il sait insoutenable. La politique de rigueur menée les années précédentes
n’y a rien changé. En ce jour de 1893, Charilaos Trikoupis se présente le cœur lourd devant les
députés grecs. Et prononce cette phrase qui restera tristement célèbre :
« Malheureusement, nous sommes ruinés. »
Lors de l’évolution on apprendre et on répète. Ainsi l’histoire qui nous offre de surprenants échos. Par exemple celle de la Grèce, dont le Parlement a adopté, mercredi 15 juillet 2015,
des mesures d’austérité dans l’espoir d’obtenir une nouvelle aide des partenaires européens, est jalonnée d’événements tragiques, se répétant avec une constance déroutante.
Remontons un peu dans le temps. Depuis la lutte pour son indépendance 1821, arrachée à l’Empire ottoman en 1830, est tombé une demi-douzaine de fois en défaut de paiement. Après la faillite de 1893, il fut même placé sous supervision d’une commission financière internationale. Composée de représentants des Etats créanciers d’Athènes, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Russie et Autriche, elle prit le contrôle du budget et des dépenses publiques hellènes.
Une mise sous tutelle rappelant celle aujourd’hui 2015 proposée par les dirigeants de la zone euro. Pour éviter tout nouveau dérapage budgétaire, ces derniers souhaitent qu’Athènes instaure un mécanisme de coupe automatique dans les dépenses en cas d’excès (ancré dans la constitution ?). Et surtout, que les institutions partenaires (Troïka : Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) aient un droit de regard et de contrôle sur les législations clés votées par le pays.
La comparaison est bien sûr délicate, tant la Grèce de 1893 est différente de celle d’aujourd’hui. Le jeune Etat dispose alors d’une administration balbutiante et inexpérimentée. Son économie est trop peu diversifiée : la production de raisins de Corinthe représente les trois quarts des exportations en 1893. Est si diffèrent en 2015 ? Les services environ 20% dont le tourisme en 2014 représente 9,5% du PIB, la dette en 2015 s’approche à 200%.
Faillite, Grexit et autres dilemmes.
Mais, comme aujourd’hui, le pays est miné par le clientélisme et l’évitement de l’impôt par les notables. Le Bavarois Otton Ier de Grèce, monarque bavarois imposé par les puissances européennes, instaure dès l’indépendance une dispendieuse politique de grands travaux. La fonction publique embauche à tour de bras, l’armée mène grand train... Le tout, financé par de généreux prêts des pays occidentaux. Le gouvernement perd le contrôle : en 1893, près de la moitié des revenus de l’Etat sont réservés au paiement des intérêts de la dette. Acculé, le premier ministre Trikoupis déclare en 1893 la sixième (sic !) faillite.
Le gouvernement entame alors d’interminables négociations avec les créanciers, afin de restructurer la dette. En 1896, la situation financière est aggravée par l’organisation des premiers Jeux olympiques modernes en 1896. Puis par une nouvelle guerre avec l’Empire ottoman... Des mouvements sociaux agitent le pays. Le Parlement se résigne à la mise sous tutelle par la commission financière internationale, en 1898. « Jusqu’ici, le peuple rejetait cette option, vécue comme un affront à la souveraineté grecque et à la dignité nationale », explique Michael Waibel, spécialiste du droit international à l’université de Cambridge, dans un ouvrage sur le sujet. D’autres chercheurs sont du même avis.
Ingérence? Opportunité?
La commission s’installe à Athènes et prend le contrôle d’une large partie du budget grec, dès lors consacré au remboursement de la dette : droits de douanes perçus dans les principaux ports du pays, revenus issus des monopoles d’Etat sur la vente de kérosène, sel, papier à cigarettes, jeux de cartes (ne pas oublier un de rares loisirs accessible à tous à l’époque).
Autres monopoles d’état l’EDG Electricité de Grèce (1889-1956) les Postes Téléphone Fax jusque 1996 ; les transports en commun...
Le gouvernement n’avais pas le droit de modifier l’usage de ces recettes ni la fiscalité sans accord de la commission jusque environ ... la décennie 1980 ... époque d’entrée à la Communauté Européenne.
La commission de contrôle du budget grec reste à Athènes jusqu’en 1936 – et n’empêche pas un nouveau défaut de paiement en 1932, à la suite de la crise de 1929. Son bilan inclut des éléments positifs : elle aide la jeune Grèce à prendre le contrôle de ses recettes fiscales et limite le détournement des capitaux étrangers par l’élite locale. Elle contribue également à l’instauration de réformes indispensables à la modernisation du pays, comme la création de l’impôt sur le revenu. Mais son ingérence ne sera jamais totalement acceptée par les gouvernements successifs. Parmi les conséquences: le cadastre est en 2015 toujours incomplet.
Au tournant du XXe siècle, la mise sous tutelle d’États en détresse financière par les puissances occidentales est monnaie courante : l’Égypte, l’Empire ottoman, la Tunisie ou encore Haïti en ont ainsi fait l’expérience. Le cas d’Athènes reste néanmoins à part : « Les interventions extérieures dans les finances publiques hellènes sont récurrentes depuis l’indépendance du pays », conclut M. Waibel dans son ouvrage. On ne fait que répéter l’histoire.
Pour conclure soit on voit cet reprofilage de la dette grecque comme une ingérence soit une grande opportunité de faire les reformes nécessaires pour la modernisation de l’appareille étatique, la lutte contre la fraude fiscale, le clientélisme, la reproduction des « familles politiques et financières », et une administration efficace ; soit comme ingérence. Tout est une question d’actes et de vécu ; n’est pas ?
Inspire des articles, émissions et discussions avec de think tanks comme Transform.
Elef voix de Tsipras et autres acteurs publics grecs avant les élections et lors du Referendum et des négociations de la crise de la dette grecque pour iTV, Canal +, TF1, BFM, France 24, Arte....